Conférenciers
Eckart Altenmuller
Le don et la malédiction d’Apollon : acquisition et perte d’habileté motrice chez les musiciens
Né à Rottweil sur le Neckar, a pris ses premières leçons de piano à l’âge de 6 ans et de flûte à 7 ans. Après des études de médecine à Tübingen, Paris et Fribourg et des études musicales simultanées à la Haute école de musique de Fribourg, il obtient son doctorat en 1983 et passe son examen artistique final en 1985 dans la discipline de la flûte traversière. Depuis, il poursuit une activité de concertiste en tant que musicien de chambre et soliste en Allemagne et à l’étranger.
Après avoir été assistant et chef de clinique et avoir obtenu son habilitation en neurologie, le professeur Altenmüller est depuis 1994 Directeur de l’Institut de Physiologie de la Musique et de Médecine des Musiciens de la HMTM de Hanovre. Il a écrit plus de 300 publications, est membre de l’Académie des Sciences de Göttingen et a reçu de nombreux prix, dont le prix de la Science du Basse-Saxonie, le prix Betty et David Koetser pour la recherche sur le cerveau, et le « Neuroscience of Music Award » de la Mariani Foundation.
Présentation de la conférence
Les capacités sensori-motrices des musiciens ont quelques qualités spécifiques : L’apprentissage commence dès le plus jeune âge dans une atmosphère ludique. Des routines pour des séquences de mouvements stéréotypées sont répétées pendant de longues périodes avec un degré de complexité progressivement croissant. Grâce au feedback auditif, la performance motrice est extrêmement contrôlable, tant pour l’exécutant que pour le public. Tous les mouvements sont fortement liés à des émotions – joie ou peur – qui sont traitées par le système limbique. Ces circonstances spécifiques semblent jouer un rôle important dans l’adaptation plastique à différents niveaux du système nerveux central.
Dans cette présentation, je me concentrerai sur les modifications fonctionnelles et anatomiques des régions sensori-motrices observées chez les musiciens à l’aide de méthodes modernes de neuro-imagerie. Les adaptations plastiques du système auditif comme du système sensorimoteur se reflètent non seulement dans les changements fonctionnels, mais aussi dans les changements morphologiques. L’intégration auditive-sensorimotrice s’accompagne de modulations rapides de la connectivité neuronale.
Enfin, une plasticité dysfonctionnelle chez les musiciens, connue sous le nom de dystonie du musicien, entraîne une détérioration des compétences de mouvements fins entraînés de manière extensive. Les facteurs de risque pour le développement d’une dystonie focale sont l’anxiété, mais aussi les traumatismes antécédents. Les stratégies de traitement et les stratégies de prévention de cette maladie seront abordées.
Valérie Attali
Couplage neuromécanique entre posture et respiration, et variations dans un contexte pathologique
Le Dr Valérie Attali est médecin spécialiste en pneumologie, ancienne Interne et Chef de Clinique Assistante des hôpitaux de l’Ile de France. Elle est Praticien Hospitalier dans le service des Pathologies du Sommeil du Département R3S (Respiration, Réanimation, Réadaptation respiratoire, Sommeil) de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Elle prend en charge des patients présentant des pathologies respiratoires chroniques, en particulier des patients atteints de syndrome d’apnées du sommeil. Elle est titulaire d’une Habilitation à Diriger les Recherches et est inscrite au profil de l’UMRS1158 Neurophysiologie Respiratoire Expérimentale et Clinique (Sorbonne Université, Inserm). Elle a mis en place le programme « Interactions entre le contrôle de la respiration et le contrôle de la posture » au sein de l’UMRS1158, en collaboration avec l’Institut de Biomécanique Humaine Georges Charpak (ENSAM). Son projet de recherche a pour objectif principal de décrire les mécanismes physiopathologiques de la dysfonction posturale au cours des maladies respiratoires chroniques, dans un but de dépistage précoce et de prévention des chutes ; il pose l’hypothèse d’une altération du couplage neuromécanique entre le système respiratoire et le système posturo-locomoteur.
Présentation de la conférence
La respiration est une fonction vitale, elle comporte une phase de ventilation permettant de renouveler l’air contenu dans les poumons et une phase d’échanges gazeux. Au cours de la ventilation, les poumons se comportent comme un élément « passif » suivant les variations de volume de la cage thoracique sous l’effet de la contraction des muscles ventilatoires. La cage thoracique contenant les poumons impose une contrainte mécanique au rachis via les articulations costo-vertébrales et détermine la posture. La ventilation en mobilisant les côtes et le rachis, constitue une perturbation phasique de la posture et de l’équilibre qui doit être compensée à chaque cycle par des ajustements posturaux. Le diaphragme et les autres muscles ventilatoires du tronc participent à la compensation du déséquilibre induit par la ventilation. Ce mécanisme témoigne d’un couplage neuro-mécanique posturo-ventilatoire ou couplage posturo-ventilatoire dont la régulation neurologique inclut des structures corticales. L’altération de ce couplage pourrait expliquer l’existence de dysfonctions posturales spécifiques aux maladies respiratoires chroniques.
La présentation abordera la physiologie du couplage posturo-ventilatoire puis les mécanismes physiopathologiques altérant ce couplage et conduisant potentiellement à la dysfonction posturale. Nous présenterons ensuite les résultats expérimentaux de l’exploration du couplage posturo-ventilatoire chez des patients présentant un syndrome d’apnées obstructives du sommeil. Nous présenterons les moyens d’études du couplage posturo-ventilatoire, notamment l’étude posturale par imagerie tridimensionnelle et le protocole expérimental d’analyse du mouvement permettant d’estimer des index de couplage. Nous présenterons enfin les perspectives en termes d’exploration du couplage posturo-ventilatoire en routine clinique et dans la pratique sportive.
Eric Yiou
Eric Yiou: Initiation de la marche: une transition complexe entre posture et locomotion
Le Dr. Yiou E. est Maître de Conférences (HC-HDR) au laboratoire « Complexité, Innovations, Activités Motrices et Sportives » (EA4532) de la faculté des sciences du sport de l’Université Paris-Saclay. Ses recherches portent sur la coordination entre la posture, l’équilibre et le mouvement volontaire chez le sujet sain, sportif et pathologique selon une approche de nature biomécanique inspirée des travaux princeps du Pr. Simon Bouisset. Ses travaux l’ont mené à de nombreuses collaborations nationales et internationales, avec des cliniciens, psychologues, biomécaniciens, préparateurs physiques, etc., et à diriger plus d’une dizaine de thèses de doctorat en STAPS. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’articles scientifiques internationaux, d’un ouvrage sur le taï-chi-chuan, et a édité plusieurs numéros spéciaux thématiques dont l’objectif était de promouvoir la recherche dans son champ disciplinaire. Dr. Yiou E. a été le responsable scientifique du projet expérimental de l’ARS-Ile-de-France destiné à soutenir l’innovation dans l’enseignement et la recherche des professionnels de santé. Il codirige la mention de Master « Entraînement et Optimisation de la Performance Sportive » et le parcours international « Sport Science for Health and Performance ».
Présentation de la conférence
« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas. » Ce proverbe attribué à Lao Tseu (philosophe chinois du VIe siècle avant J.-C.) met l’accent sur l’importance du premier pas dans la réalisation de tout projet d’envergure. Mais encore faut-il être capable d’initier ce premier pas ! L’initiation de la marche correspond à la phase transitoire entre le maintien de la posture debout et la marche stationnaire. Il s’agit d’une tâche locomotrice fonctionnelle classiquement utilisée dans la littérature pour comprendre comment le système nerveux central (SNC) parvient à contrôler la stabilité de l’équilibre postural tout en propulsant l’ensemble du corps dans la direction désirée. L’objet de cette conférence est de présenter ce modèle d’initiation de la marche et les mécanismes posturo-dynamiques mis en œuvre par le SNC permettant d’assurer cette double fonctionnalité. La question de l’adaptabilité de ces mécanismes à différents types de contraintes appliquées au système postural, telles que la pression temporelle, la vitesse de progression du corps ou encore l’enjambement d’obstacle, sera également abordée au travers de résultats expérimentaux et théoriques issus de la modélisation biomécanique. Enfin, la présentation de résultats d’études récentes portant sur les effets de deux types d’interventions non-pharmacologiques (auto-étirements et stimulations électriques fonctionnelles) sur l’organisation biomécanique de l’initiation de la marche chez le patient atteint de la maladie de Parkinson clôturera cette conférence.